Regio Suburbanum Marinae Insulae Marinae Sarniensis
La Villa Imperiale
Elle est située dans les environs de la Porte Marine et a été découverte en 1943, à la suite d'un bombardement. Elle date de l'époque impériale et est adossée au mur extérieur de l'enceinte dont la fonction est réduite par l'avènement de la pax Augustea. De cet endroit on jouissait d'une belle vue sur la mer. Il semble que cet édifice ait été abandonné après le tremblement de terre de l'an 62 de notre ère.
De l'esplanade du Musée, on descend, par un escalier, à l'intérieur de l'antique tour, qui formait saillant des remparts et bordait la Porte, et à l'étage situé au-dessous de l'enceinte murale qui entourait de ce côté la ville.
La différence de niveau, la pente rapide de l'antique route qui continuait sous l'allée moderne et devait atteindre l'étage au-dessous de la côte de l'autostrade, donnent une idée suffisante de l'élévation naturelle de la ville sur le niveau originaire de la plaine. Les Murs de fortification couraient, de ce côté, du nord vers le sud, d'un alignement rectiligne, à mi-côte de la colline; on en voit encore une certaine étendue (vers le couchant) en assises régulières de blocs parallélépipèdes bien équarris, dans le caractéristique conglomérat de pierre de Sarno de la Ière période Samnite (IVe siècle avant J.-C), avec quelque rangée en tuf de la IIe période Samnite (IIIe—IIe siècles av. J.-C); la tour de flanquement s'inséra plus tard (IIIe période Samnite) peu avant la guerre sociale et la prise romaine.
Pendant ces périodes, et probablement jusqu'à la première époque républicaine, la route qui partait de la Porte de la ville, au lieu de suivre le déroulement actuel, tournait plus brusquement vers le sud suivant, pour un bout de chemin, l'alignement des murs; une partie de cette route, pavée plus grossièrement et plus irrégulièrement, a été mise en évidence au-dessous du remblai du jardin postérieur.
Au cours de la première époque impériale, entre la fin du règne d'Auguste e le règne de Tibère, l'esplanade supérieure et inférieure des fortifications furent occupées par une grandiose et luxueuse habitation qui, profitant de la différence de niveau du terrain et des ouvrages de terrassement, s'établit sur ce bastion artificiel pour jouir de la vue panoramique dont on jouit encore maintenant, de l'esplanade du Musée, sur la rade du golf de Castellammare;
par sa distribution en terrasses, elle arriva à avoir une disposition analogue à celle des belles maisons de la Région VIII, et, par son ubication et par son plan, à participer à la fois de la maison de ville et de la maison de campagne. Détruite ou détruite à moitié par le tremblement de terre de l'an 63 après J.-C, en cours de démolition durant les années qui précédèrent l'éruption, elle conserve encore des restes du portique et des salles de triclinium et de séjour du quartier situé dans les remparts de la muraille.
Le portique adossait sa longue aile de 43 colonnes (il n'en reste que la naissance) sur la longueur considérable de plus de 80 mètres, au mur de la fortification: les colonnes, d'ordre corinthien, finement travaillées au stuc, se dressaient sur le mur de fond de l'ambulacre, décoré à panneaux noir avec tableautins de paysage et médaillons enchâssés et enlevés plus tard; tandis que la frise supérieure, à fond blanc ivoire, était alternativement décorée à aédicules avec personnages de héros et de divinités et par des frontons qui complétaient, en les surmontant, les panneaux situés au centre de la paroi: schéma, ornements et couleurs typiques du IIIe style pompéien.
Devant le portique, s'ouvrait une vaste aire de jardin, fouillée seulement partiellement, qui avait, en la remplissant, occupé aussi l'espace de la plus antique voie rurale sortant de la porte toute proche de la ville. À l'extrémité sud-ouest l'on accédait, par le portique, à un somptueux quartier de séjour, dont on conserve une grandiose salle tricliniaire, une alcôve, une autre salle de dimensions moindres et les restes d'autres pièces en cours de démolition. La disposition est identique à celle des autres villas de luxe pompéiennes et à celle des villas impériales de Capri, où le plus luxueux quartier de séjour et de représentance est rattaché à Vambulatio d'un solarium ou d'un portique.
Une série de pièces donnent sur ce portique; la principale est un grand triclinium précédé d'une antichambre, pavé à l'origine avec des carreaux hexagonaux et dont les peintures constituaient l'une des premières manifestations du IIIe style (fin du Ier siècle av. J.-C). Une restauration selon le IVe style est intervenue vers la moitié du Ier siècle ap. J.-C. Entourés d'une élégante décoration, trois grands tableaux occupent la place principale le long des murs.
La Salle de triclinium, précédée d'un vestibule, flanquée de couloirs de dégagement, couverte d'une voûte robuste, est une des plus amples salles pompéiennes (m. 6 de large sur m. 8,80 de profondeur).
Les murs présentent une des plus fines et riches décorations dans le schéma du IIIe style pompéien: socle violacé, bande avec frise de " Amorini,, en miniature, champ médian de panneaux en cinabre vif, bande supérieure blanche avec encastrement de panneaux figurés et frise noire sur laquelle s'enchâsse la naissance de la voûte à caissons rectangulaires et octogonaux avec figures d'" Amorini „ et de Bacchantes (en cours de recomposition). Le centre de chaque mur est occupé par un grand tableau figuré et renfermé entre édicule, surmontant par son fronton le champ des panneaux de cinabre.
Les sujets sont d'origine Cretoise: Thésée tuant le Minotaure, sur un fond représentant Athènes; Thésée abandonnant Ariane dans l'île de Naxos; Icare et Dédale. La partie supérieure est couverte de petits tableaux à volets avec des portraits de poètes. Près du triclinium se trouve une chambre à coucher avec alcôve sur fond blanc et une alcôve avec deux petits tableaux représentant des sujets mythologiques. Derrière la chambre à coucher un autre triclinium donne sur un autre jardin par une fenêtre trilobée. Il est orné d'une fresque représentant un satyre et une ménade.
A gauche, Thésée abandonnant Ariane au moment de quitter la proue du navire on n'a gardé que la moitié du tableau); à droite, le vol de Dédale et la chute d' Icare; au centre, Thésée abattant le Minotaure (dans le fond, le simulacre d'Athéna promachos et une vue d'Athènes). Six panneaux très fins (pinakes) représentant des scènes de palestre et de gynécée, peints sur chevalet et encastrés dans l'enduit du mur, distribués deux par deux sur la frise blanche, aux deux côtés de chaque édicule, complètent l'élégante composition décorative. La fine morbidesse des tons, les sujets des petits tableaux, les légendes explicatives en grec qui accompagnent quelques personnages, prouvent que nous nous trouvons en présence d'artistes de qualité non commune, d'origine grecque ou hellénisés. Au contraire, il faut noter la perte totale, ou presque, du riche pavement à incrustation de marbres polychromes bordés de filatières d'ardoise.
A droite du triclinium s'ouvre une pièce qui, par les deux fenêtres aérées qui lui donnent la lumière au sud et à l'ouest, et par l'alcôve du fond avec le podium surélevé pour le lit, répond au type de ces cubicula diurna qui formaient la partie essentielle des séjours d'été des villas suburbaines. Ici aussi, même finesse dans la décoration à fond blanc de marbre, orné dans le style des candélabres, avec tableaux figurés de style en miniature.
Le couloir qui borde l'alcôve conduit à une autre riche salle éclairée par trois ouvertures donnant sur un second jardin entouré, lui aussi, originairement d'un portique. Sur le mur nord, conservé, se trouve, parmi quatre panneaux de rouge violacé, un grand tableau représentant un paysage où l'on entrevoit, au milieu de rochers et de sanctuaires, une figure de nymphe (Polyphème et Galatée)
Derrière ces pièces et autres murs de décoration non moins riche, s'élèvent de puissantes constructions de remparts en simple réseau de tuf, avec maçonnerie grossière de liaison et puissantes voûtes à jet; ce sont les derniers ravalements commencés et non terminés de la grandiose villa.
Sous le passage à voûte, qui sert aujourd'hui d'entrée, s'était réfugié, pendant l'éruption, un groupe de fuyards qui furent retrouvés au même endroit, ayant à leurs côtés un magot de monnaies et quelques ustensiles de ménage; un d'eux portait un anneau précieux orné d'un onyx finement ciselé, représentant un joli portrait de femme.
Font partie de cette région aussi le Port Commercial et Militaire, et les Thermes Suburbaines. Tout ça mérite bien un étude aussi.