Ch.6 - Classes Sociales   

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A l'origine, les classes de la société romaine étaient nettement dis­tinctes : on était « patricien » ou « plébéien » ; entre les deux, aucun intermédiaire. Dans la suite, une grande fermentation travaille la plèbe : d'elle se dégagent une nobilitas, des chevaliers (ordo equester), des parvenus de tout genre, des clients, des affranchis, aux­quels on aurait fait injure grave en les confondant avec la masse populaire


A. LES PATRICIENS

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Ils sont les descen­dants des patres de la Rome primitive ; ils se groupent en génies, elles-mêmes divisées en familiae. Très vite ils durent abandonner les privilèges exorbi­tants que leur recon­naissaient les coutu­mes primitives, mais, jusqu'à la fin de l'Em­pire, les noms patri­ciens conservèrent un grand prestige.
Voici quelques-uns de ces grands noms :
—   Aemilius. Familles des Lepidi, Paulli, Scauri
—   Iunius. Connu surtout par la famille des Bruti
—   Iulius. Connu surtout par la famille des Caesares.
—   Sergius. Connu surtout par la famille des Catilinae.
— Cornélius. Un des plus illustres. Familles des Cethegi, Dolabellae,  Scipiones, Lentuli, Sullae.
—Fabius.
—   Sempronius. Famille des Gracchi.
—Lutatius. Famille des Catulli.
Le Sarcophage de L. Cornelius Scipion Barbatus, Consul en 298 av. JC, decouvertdans la necropole des Scipions, est  graffé d'un  texte qui est composé en vers saturniens et en langue  archaïque  dont voici  la transcription classique :
" - Cornélius Lucius Scipio Barbatus : Cnaeo pâtre prognatus, fortis vir sapiensque,
Cuius forma virtuti parissima fuit. Consul, censor, aedilis qui fuit apud vos ;
Taurasiam, Cisauniam Samnio cepit, Subegit omnem Lucaniam obsidesque abduxit – "

B. LES "NOBLES"

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A partir du moment où les magistratures furent ouvertes à la plèbe, les patriciens virent monter à côté d'eux une classe plébéienne nouvelle qui ne leur cédait en rien, ni pour les richesses, ni pour l'éducation, ni pour l'autorité : c'est la nobilitas ou noblesse plé­béienne.
On est tout surpris de voir qu'un grand nombre d'illustres Romains étaient d'origine plébéienne : ainsi, les Pisones de la gens Calpurnia, les Catones de la gens Cassia, les Cornelii Balbi, les Cornelii Cinnae, les Marcelli de la gens plébéienne Claudia ou Clodia, les Metelli de la gens plébéienne Caecilia, les Scaevolae de la gens Mucia, les Var-rones de la gens Terentia, ...
Ces deux premières classes formaient Yordo senatorius. Mais, prenons-y garde, pendant l'Empire surtout, les grands noms se répan­dent sans autre raison que l'affranchissement ; c'est ainsi que des milliers de plébéiens, descendants d'esclaves, portent un nom illustre.

C. LES CHEVALIERS

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A l'origine, cette classe plébéienne sortit de ceux qui avaient assez d'argent pour s'inscrire dans les rangs de la cavalerie : d'où leur nom Requîtes romani. Dans l'ensemble, ils sont les grandes fortunes de Rome, et s'adonnent à l'agriculture, à l'élevage, au commerce, à la manufacture, toutes professions que méprisaient les membres de l'ordre sénatorial. Aussi, Yordo equester apparaît-il comme la che­ville ouvrière de la prospérité matérielle de Rome. Notons, d'ailleurs, que l'éducation des jeunes chevaliers était l'égale de celle des patri­ciens et des nobles (cfr la jeunesse de M. Tullius Cicerón ou la personnalité de C. Cilnius Maecenas, l'ami d'Auguste). Les chevaliers avaient le droit de porter la toge pourprée et l'anneau d'or.

D. CLIENTS ET AFFRANCHIS

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A proprement parler, clients et affranchis ne forment pas une classe sociale, mais il convient de les distinguer en raison des rap­ports intimes que certains d'entre eux eurent avec les classes diri­geantes, et en raison des fonctions qui, sous l'Empire surtout, leur furent confiées.
 
1. Clients.
Les clientes sont unis à leur patronus par un lien juri­dique étroit. A l'origine, ils furent sans doute des étrangers recher­chant protection et, en échange, assurant une aide : en ce sens, ils peuvent être comparés aux vassaux du moyen âge. Ils accompagnent le « patron » à la guerre, votent pour lui et sont tenus à la salutatio quotidienne ; en retour, le « patron » les représente en justice et
Subvient à leurs besoins par la sportula ou ration de vivres qui signifie « petit panier » ; il désignait d'abord la corbeille dans laquelle on plaçait la ration de vivres destinée au client, remplacée plus tard par des sommes d'argent. D'une part, le dévouement, d'autre part, la protection ; à tel point que Caton a pu écrire que le titre de patronus vient immédiatement après celui de père.
Vers la fin de la République, ce lien se relâche : les clients sont plutôt des chômeurs en quête de besogne ou d'argent, des parasites à l'affût de bonne chère ou des dévoyés tout prêts aux coups de main. Juvénal écrit :
Aujourd'hui la plus maigre pitance attend au seuil de la demeure la tourbe famélique, vêtue pourtant de la toge romaine ... Sur un ordre du maître, un crieur commence l'appel et nous voyons des nobles, descen­dants des compagnons d'Enée, assiéger le même vestibule que nous.

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2. Affranchis.

L'affranchissement (manumissio) devint si courant qu'un édit impérial dut interdire de donner la liberté par testament à plus de 100 esclaves à la fois. On pouvait affranchir un esclave, soit par testament, soit par déclaration devant un magistrat, soit par lettre, soit devant témoins par simple déclaration verbale.
L'affranchi (libertinus) revêtait la toge et se coiffait du pileus, sorte de bonnet phrygien. Il ne jouissait pas de toutes les prérogati­ves du citoyen, mais ses enfants entraient dans le droit commun. Il prenait le nom gentilice de son maître, en y ajoutant son nom d'esclave ; de plus, il devenait le client de son maître.
A cause du mépris des classes dirigeantes pour le commerce, l'in­dustrie et le travail manuel, bon nombre d'affranchis se taillèrent, très tôt, de solides fortunes : certains d'entre eux furent de riches banquiers, auxquels les patriciens et l'Etat lui-même ne dédaignaient pas d'emprunter des sommes importantes. Mais les affranchis les plus célèbres furent ceux de la Cour impériale : afin d'abaisser la vraie noblesse, les empereurs se plurent à confier de hautes charges à leurs affranchis, voire à des esclaves ; on en vit même se créer des fortunes considérables, porter l'anneau d'or des chevaliers et siéger au Sénat.

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Il n'était pas rare qu'une vive affection liât ancien maître et af­franchi. Témoin, cette lettre touchante de Pline le Jeune à son ami Paulin :
 
" - Je t'avouerai ma douceur pour mes gens avec tant plus de franchise que je sais avec quelle bonté tu traites les tiens. J'ai toujours dans l'esprit ce vers d'Homère :
« Il avait pour ses gens une douceur de père »,
et je n'oublie pas le nom de père de famille que, parmi nous, on donne au maître. Mais, quand je serais moins humain et plus dur, je me laisserais toucher par le pitoyable état où se trouve mon affranchi Zosime ...
Il a voulu forcer sa voix ... une petite toux l'a menacé d'abord de rechute ; peu après, les crachements de sang ont repris. Pour essayer de le guérir, j'ai résolu de l'envoyer sur ta terre de Frioul : je me souviens de t'avoir entendu dire souvent que l'air y est fort sain et le lait, excellent ...
Je te supplie donc de bien vouloir écrire à tes gens pour qu'ils le reçoivent dans ta maison et lui donnent tous les secours nécessaires. »     (Lettres, V, 19.)

E. LES PLEBEIENS

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Distinguons bien le populus de la plebs. Le premier désigne l'en­semble du peuple romain politiquement organisé (ainsi, dans l'ex­pression Senatus populusque Romanus) : ce mot ne concerne jamais les classes inférieures de la société. Quant au mot plebs, il a un sens juridique s'opposant à « patriciat », il comprend donc les nobiles, les libertini, les clientes, les équités et toute la classe inférieure. Plebs a aussi un sens sociologique ou pratique : il signifie alors les classes inférieures de la société. C'est en ce sens que nous parlerons ici des « plébéiens ».

1 .   Les paysans.
S'ils sont citoyens romains, ils forment la plebs rustica. Sans contredit, la classe paysanne est la vraie pépinière du peuple romain : à l'origine, patriciens et plébéiens se partageaient la culture et l'élevage, mais les premiers étaient propriétaires (et s'arrogèrent, de ce fait, tous les droits politiques), les seconds étaient fermiers ou domestiques (1).
Au gré des conquêtes, la ville s'agrandit : elle se remplit de paysans ruinés, en quête de travail et de subsistance ; une caste nouvelle, celle des riches, méprise le travail champêtre. Malgré les exhortations, purement littéraires, de Virgile, malgré la législation augustéenne, le travail des champs restera dédaigné.
(D L'origine paysanne des Romains peut être prouvée de mille manières. Les noms romains les plus illustres : Fabius, Piso, Lentulus sont des dé­rivés de noms de plante (faba, pisum, lens ...). Que l'on songe au sens premier de mots comme manipulus (gerbe de blé), cohors (enclos de ferme), cornu 'corne), laetus (gras, fertile), ars (adresse au travail), callidus (calleux) ... De son côté, Caton dit : « Nos pères disaient, pour qualifier un bon citoyen, qu'il était un bon agriculteur. »

2. Les commerçants.
 On devrait parler ici des riches banquiers ou boursiers (argentarii), des usuriers (foeneratores) qui réclament cyniquement un taux de 4 % au mois, des importateurs-exportateurs (negotiatores), des grossistes (magnarii); mais bon nombre d'entre eux sont chevaliers. Nous trouverons plus de plébéiens parmi les mercatores, nom désignant les marchands de toute envergure, jusqu'aux modestes détaillants ou boutiquiers : jructuarii, piscatores, vinarii, caupones (cabaretiers), pastillarii (confiseurs).
 
3.   Les artisans.
On voit bon nombre de plébéiens groupés dans les corps de métiers (collegia opificum), dont les corporations médiévales ont repris la formule. Us étaient neuf sous la Royauté, mais 150 sous l'Empire. Comme au moyen âge, on y trouvait de riches manufacturiers (ou indus­triels), mais surtout un grand nombre d'humbles artisans dési­reux de se défendre contre la main-d'œuvre servile. Transport d'amphores.
Les femmes n'exerçaient au­cune profession, sauf celles qui convenaient à leur sexe : ornatrix, (coiffeuse), sarcinatrix (couturière). Cette énumération suffira à montrer la fébrile activité de cette immense ville, maîtresse du bassin méditerranéen. On se tromperait bien, en effet, si l'on prenait au pied de la lettre l'expression Panem et circenses, et si l'on s'imaginait que la plèbe romaine était un ra­massis d'oisifs. Si, sous le Bas-Empire, on en vint à trouver tout travail dégradant, ce fut par la faute des gouvernants, autant que des sujets.

( LES SOCIETES FINANCIERES )

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Des sociétés financières s'étaient constituées à Rome et donc dans ces regions les plus commerciales, en vue d'entre­prises considérables : les unes se chargeaient de fournir des chars et des chevaux pour les jeux du cirque, les autres, des fauves pour l'am­phithéâtre ; certaines assuraient la subsistance de Rome en y faisant venir le blé des provinces.
Ce sont aussi des sociétés financières qui obtenaient de l'Etat le droit de percevoir certains impôts et en profitaient pour pressurer le peuple. On sait combien le nom de publicains (publicani), porté par les gens qui s'occupaient de ce trafic, fut impopulaire et devint bien vite syno­nyme d'homme rapace.
Ces sociétés étaient constituées en grande partie par des chevaliers romains qui y trouvaient un moyen facile de décupler leurs richesses et de faire valoir leurs capitaux. De là, le sens péjoratif qu'a pris dans notre langue française l'expression « chevalier d'industrie ».
Rabidius (46 av. J.-C.) fut le type le plus représentatif de cette classe de financiers véreux et influents. Mêlé au fameux pot-de-vin de César, il aurait partagé avec ce dernier une somme fabuleuse versée par Ptolémée III pour se faire légitimer.
Ces gros capitalistes poussaient aux guerres de conquêtes qui ouvraient un champ illimité à de nouvelles exactions. Tantôt partisans de la popu­lace, tantôt défenseurs du Sénat, ils réglaient à leur gré et à leur profit le marché des affaires et le sort de la République.    (D'après L. Del vaux. Chez les Romains d'autrefois.)



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