Ch.5 : Le Vesuve  

Schema evolutif du vesuve

Du haut de ses 1 200 mètres le Vésuve sert de toile de fond au golfe de Naples. Dès l'antiquité les hommes s'y sont implantés à cause de la beauté de la nature, de la fertilité du sol et de la douceur du climat. L'histoire de ses éruptions est donc la plus longue, la plus connue et la plus passionnante. En réalité d'autres volcans italiens se trouvent dans des régions habitées dès l'aube de la civilisation, notamment en Toscane, dans le Latium et dans cette même Campa­nie. Mais leur activité s'est établie bien avant que ces zones soient peuplées et elle a été bien plus réduite et plus espacée.
Quant aux Champs Phlégréens, cette zone au nord-ouest de Naples constellée de cratères produits chacun par une, éruption au cours des derniers 2 000 ans, ils sont connus surtout pour un autre phénomène, le bradyséisme, ce mouvement vertical et lent du terrain qui a provoqué le rehaussement ou l'effondrement du sol dans la ville de Pozzuoli. Les derniers soubresauts, entre 1982 et 1984, ont produit une élévation d'environ 1,50 m avec toutes les conséquences, que cela peut avoir sur les structures sociales et économiques. Pour revenir au Vésuve, son activité au cours des siècles semble obéir à des règles cycliques: tout commence par une explosion violente, suivie souvent d'une coulée de lave plus ou moins imposante. Le premier cycle dont nous avons connaissance, et que nous avons pu situer dans le temps, remonte à environs 25 000 ans; on a reconstruit ensuite d'autres cycles d'éruptions, avec des intervalles de quiétudes de plusieurs siècles. 

le Vesuver a Naples

Au 1° siècle av. J.-C. le volcan avait l'allure d'une montagne tranquille où poussaient des vignes sauvages. C'est en effet avec des branches de vignes que Spartacus et les autres gladiateurs rebelles, assaillis sur la cime du Vésuve, construisirent des échelles pour contourner les positions des Romains et se soustraire temporairement à la capture; d'après Plutarque tout cela s'est passé en 72 av. J.-C. Strabon, le fameux géographe grec, vers l'an 50 av. J.-C. émit l'hypothèse qu'on se trouvait en présence de roches ignées mais on ne vit pas là l'annonce d'une reprise de l'activité du volcan; et même lorsqu'en 63 ap. J.-C. des tremblements de terre secouèrent la zone du Vésuve, celui-ci fut encore considéré comme une montagne tranquille à la cime plate.

Pente vulcanique vers la mer

L'éruption du 24 août de l'an 79 de notre ère, est la plus célèbre de l'antiquité. Elle nous fascine encore malgré les terribles destructions dont elle a été la cause à Pompéi comme à Herculanum. Les lettres de Pline le Jeune à Tacite nous renseignent bien sur les phénomènes les plus lourds de sens qui ont caractérisé cet événement. L'auteur nous décrit les circonstances de la mort de son oncle, Pline l'Ancien, sur le littoral de Stabia. C'était un observateur passionné des phénomènes naturels. La description que nous a laissée Pline le Jeune est un document exceptionnel et contient des détails très intéressants, comme l'observation du nuage sortant du cratère, dont la forme rappelait celle d'un pin et qui caractérisait les éruptions particulièrement violentes dites justement «pliniennes». Les circonstances de la mort de Pline l'Ancien laissent penser qu'il a été étouffé comme c'est le cas de différentes personnes dont on a tiré des calques pendant les fouilles de Pompéi.

Eruption sur >Pompei

D'après les calculs auxquels on s'est livré, un volume d'environ 3 km3 de matériaux aurait été éjecté pendant une trentaine d'heures. L'éruption «pompéienne» tient donc une des premières places parmi celles que nous connaissons et certainement la première quand on prend en considération les zones à forte densité de population. Pompéi a été ensevelie sous un manteau de matériel pyroclastique, c'est-à-dire produit par l'explosion, tandis qu'Herculanum a été submergée par une coulée de boue; les deux villes ont été rayées de la face de la terre jusqu'aux fouilles du début du XVIIIe siècle. D'autres phénomènes volcaniques ont été enregistrés, à des intervalles plus ou moins réguliers de quelques centaines d'années, jusqu'à l'avènement d'une nouvelle période de quiétude. Cette période s'est étendue de 1139 à 1631 d'après Sir William Hamilton, ministre plénipotentiaire anglais à la cour de Naples, mari de Lady Hamilton, plus célèbre pour d'autres raisons. En 1631, en effet, commence par une violente explosion qui serait la dernière activité vésuvienne.

Eruption vue de la mer

De nos jours, si on regarde le cratère du Vésuve du bord de son sommet, on a quelque peine à imaginer les cataclysmes qui se sont abattus sur la région environnante à partir justement de cet orifice.
Nous sommes dans la phase de quiétude qui suit la fin d'un cycle d'éruptions et, si l'on tient compte des habitudes du Vésuve, ses activités futures devraient trouver place dans un avenir assez lointain, au milieu du troisième millénaire de notre ère.
La route la plus courte pour faire une excursion jusqu'au cratère du Vésuve, va d'Herculanum ou de Torre del Greco ou Boscoreale jusqu' à la base du grand cône. A la cote 609 m se trouve l'Observatoire Vulcanique Vesivian , plus loin, une déviation porte à un télésiège en désuétude qui avait substitué un vieux funiculaire immortalisé par la chanson Funiculi-Funiculà. Inauguré en 1880, ce funiculaire fut fermé en 1944 après une série d'éruptions.

Dans le cratere vulcanique

Durant le parcours on assiste à un changement progressif du paysage dû à la raréfaction de la végétation: on passe de florissantes cultures d'arbres fruitiers, favorisées par la fertilité du sol volcanique, à la base du volcan, à une ambiance toujours plus décharnée principalement constituée par des buissons de genévriers, de graminées et de lichens.
Tout au long du voyage se déroule l'ample et splendide panorama. Le regard va du Golfe de Naples avec les Champs Phlégréens et les îles d'Ischia et de Procida jusqu'a la péninsule de Sorrente et Capri. Une fois arrivé au pied du cône à la cote 1000, l'excursion continue à pied par un sentier à pic qui conduit au sommet du cratère après une heure de marche environ; s'ouvre alor a nos yeux une terrasse et le chemin que faisant le tour du cratère, permet de voir les profondeurs internes su Vésuve sur une longueur de 1000 mètres.
Les parois internes descendantes, en roche stratifiée, dessinent la gigantesque ouverture presque circulaire d'un diamètre de 600 m. Le tour complet du cratère demande environ une heure de marche le long d'un sentier un peu dangereux et qui pour cela s'effectue exclusivement avec l'un des guides qui se trouvent sur la place.


Ch.6 : Lettre  de Plinius...