Ch.8 : Les Styles de Peinture  

Peinture pompeienne

Pompéi, dans sa vasteté   d'agglomération citadine, nous permet un étude approfondi de toutes les arts en vigueur à l'époque. Grace aux  fouilles, aux peintures retrouvées et aux recherches de plus en plus  approfondies effectuées sur le site, nous savons aujourd'hui qu'ils existaient en époques romaine dans la Cité, quatre  styles de peinture prédominants :

peinture style 1

1° STYLE (ou style « à incrustations ») se répand dans le monde romain au IIe siècle av. J.-C. lorsque s'étend l'habitude de peindre non seulement les murs des édifices publics et religieux mais aussi ceux des maisons privées. Il s'agit d'un type de décoration venant de Grèce, qui s'inspire de la technique de construction propre à l'archi­tecture des Ve et VIe siècles av. J.-C. (appareil isodomon). On en reproduit, en stuc polychrome, les éléments en saillie, comme les socles, la partie centrale à grands panneaux, le registre supérieur à carreaux plus petits, les corniches et parfois les piliers servant à rythmer les parois.

Le contraste entre les couleurs n 'est autre que la transposition en peinture des innovations propres à l'hel­lénisme, notamment l'emploi de marbres de qualité et de couleurs différentes, pour réaliser chacun des éléments. La décoration en stuc imite, par la variété des couleurs, par l'emploi de plinthes, de compartiments et de bossages, le revê­tement des murs en marbre (" Casa di Sallustio „ - " Casa del Fauno „). Cette période s'étend de l'année 150 à l'année 80 av. J.-C; c'est-à-dire depuis la seconde époque Samnite jusqu'au début de la colonisation romaine.

peinture style 2

2° STYLE (ou style architectural) s'affirme au moment de la transplantation de la colonie de Publius Cornélius Sylla (80 av. J.-C.) La décoration des murs présente des vues où les éléments d'architecture donnent l'illusion de s'articuler sur des plan différents, créant des raccourcis et des jeux compliqués de perspectives qui semblent percer le mur et nous plonge dans un espace imaginaire. Les décors en trompe-l'œil du théâtre romain de l'époque hel­lénistique et les nouveaux modules « baroques » de l'architecture des IIe et Ier siècle av. J.-C. sont les modè­les auxquels ce style s'inspire. La décoration ne se limite pas à imiter les revêtements super­ficiels. Elle a recours à la perspective pour donner l'illusion de compositions architectoniques à deux et même plusieurs plans en profondeur. 

peinture style 3

En outre, le mur se pare de personnages qui entrent dans de grandes compositions (sujets mythiques, héroïques ou reli­gieux), ou encore dans des tableaux de moindre importance, inter­calés, à la façon de panneaux, parmi les éléments architectoni­ques (" Casa di Obellio Firmo , du " Labirinto „ , des " Nozze d'Argento , du " Criptoportico „ , " Villa dei Misteri „, etc.). Cette période s'étend de l'année 80 av. J.-C. à l'année 14 ap. J.-C; c'est a dire depuis le début de la colonisation romaine jusqu'à la mort d'Auguste.

peinture style 4

3° STYLE (ou style ornemental égyptien) représente une réac­tion aux solutions baroques en trompe-l'œil propres au II' style, suivant les caractéristiques du style classique et académique de l'âge d'Auguste. Les murs redeviennent de simples surfaces plates qui enserrent un espace fermé. On les divise en trois parties moyennant des traits hori­zontaux et verticaux de couleur unie, ornés d'éléments d'architecture très fins et purement décoratifs. Au centre, l'œil est attiré par un tableau, dont le sujet est généralement mythologique, religieux ou idyllique, placé à l'inté­rieur d'un édicule flanqué de panneaux. 

peinture a pompei

Des dessins sus­pendus au centre de ceux-ci représentent des paysages et des personnages format miniature. Au niveau supérieur survivent encore des architectures en trompe-l'œil comme à l'époque du IIe style. Il faut remarquer l'emploi fré­quent d'éléments de décoration rappelant l'Egypte et l'apparition d'une technique impressionniste qui vivifie le classicisme sobre et élégant du IIIe style dont pourtant elle ne suit pas les règles. Dans le style précédent, le schéma architectonique tirait ses motifs décoratifs du caractère même de la construction. 

peinture  maison pompei

Pendant cette période, on le voit s'effacer et prendre, dans la composition d'ensemble et dans les détails, un caractère éminemment orne­mental: colonnes, bandes et frises s'enrichissent de détails minu­tieux, exécutés avec une extrême finesse et une science consommée dans l'emploi des couleurs (" Casa di Cecilio Giocondo „ et " Casa di M. Lucrezio Frontone „). Cette période va du début de l'époque impériale jusqu'en 63 après J-C.

art decorative pompei

4° STYLE  (style ornemental)  appartient à l'époque de Claude et de Néron. Il est la manifestation de l'éclectisme propre à l'art romain et se sert d'une grande variété de types de décoration s'inspirant du IIe et du IIIe style. Les cou­leurs sont plus nettes et disposées de façon à créer une opposition chromatique pleine de vie; les éléments de décoration se multiplient et s'amassent; les architectures en trompe-l'œil côtoient les scènes mythologiques sou­vent peintes avec une technique impressionniste.

La représentation de tapis suspendus ayant en leur centre de petites figures appartient à un genre tout à fait particulier, s'inspirant de l'habitude des Grecs de couvrir les murs de tapisseries décoratives. Toute la décoration du mur prend le caractère d'une composi­tion, simplement ornementale.

tableau muraire a pompei

Il n'existe plus aucune distinction entre ce qui est tableau et ce qui est élément architectonique. Les lignes d'architecture qui encadrent le sujet n'ont plus rien à voir avec la réalité, ni même l'illusion. Ce sont des schémas fantaisistes, irréels et surchargés d'éléments ornementaux. Nous sommes en plein style de cette dernière période pompéienne, carac­térisée par ce déploiement de luxe mercantile que nous retrouvons dans la maison de Pompéi avant la fatale éruption. La " Casa dei Vettii „ nous en offre le modèle le plus typique. Cette période s'étend depuis Claude jusqu'au cataclysme qui ensevelit la ville.


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