Ch.27: Les Fouilles à Herculanum

Plan 1 Fouilles herculanum

Le souvenir d'Herculanum n'était certes pas disparu de la mémoire des érudits, comme le prouve la vague allusion qu'y fait Sannazzaro dans l'Arcadia, en 1504. Il est probable, d'autre part, que les habitants de Résina, sur la hauteur, en creusant le terrain pour établir des fondations on pour construire des puits, ont dû se heurter aux édifices de la ville ensevelie. Toutefois, la première découverte importante d'oeuvres d'art est due au Prince autrichien d'Elboeuf qui, en faisant forer un puits, en 1709, dans le bois des Frères Alcantarins, rencontra le mur de la scène du théâtre. De 1709 à 1716, le Prince pat perpétrer à loisir le premier crime aux dépens du monument le plus remarquable et le mieux conservé d'Herculanum. Il fit enlever les revêtements de marbres précieux et les structures architecturales de la scène, tandis qu'un groupe important de statues était dispersé dans divers Musées, notamment la grande et la petite Herculanaises transportées au Musée de Dresde.

Plan 2 Fouilles herculanum

Ce n'est que le 1er Octobre 1738 que commencèrent les fouilles régulières. Depuis lors, l'histoire des fouilles d'Herculanum peut se diviser en quatre périodes:
1)_ 1738-1765. Ce fut la période héroïque et la plus fruc­tueuse des fouilles. Celles-ci, entreprises sur l'ordre et avec l'appui de Charles de Bourbon, furent dirigées, à l'exception d'une brève interruption de 1740 à 1745, par l'ingénieur militaire espagnol Alcubierre assisté, d'abord, par l'architecte suisse Charles Weber, plus actif et plus appliqué que son chef lui-même, et, la dernière année, par Francesco La Vega. Le système d'excavation adopté fut celui des galeries souterraines. Il se heurta à des difficultés immenses, qui furent surmontées grâce surtout au mérite des équipes spécialisées d'ouvriers locaux, appelés " cavamonti". (creuse-montagnes).

Plan 3 Fouilles herculanum

Leurs résultats furent consignés dans des rapports quotidiens ou hebdomadaires, mais dont les plans et les relevés étaient insuffisants ou imparfaits et furent en partie perdus. On compléta l'exploration du Théâtre, on atteignit, sinon le Forum, du moins un des édifices publiques, la Basilique; on découvrit plusieurs tem­ples et, en dernier lieu, entre 1750 et 1765, on explora la Villa des Papyrus, qui livra tout le fabuleux trésor de ses sculptures et des pa­pyrus de sa bibliothèque. Pourtant, malgré l'importance de ces résultats, les fouilles n'apportèrent qu'une contribution faible sinon nulle à la connaissance de la ville. Les galeries furent abandonnées et se remplirent de terre, les puits de descente et d'aération s'obs­truèrent et il ne resta plus que le plan schématique dressé par La Vega et celui de la Villa des Papyrus exécuté avec beaucoup de soin par Charles Weber.

Plan 4 Fouilles herculanum

2)_ Après une interruption de 63 ans, les fouilles furent reprises en 1828 avec l'intention louable de les faire à ciel ouvert, suivant le système adopté depuis longtemps à Pompéi. Elles se poursuivirent sans grande ardeur jusqu'en 1835, mettant avec peine à découvert une partie de deux groupes de maisons ou insulae, dont le péristyle de la " Maison d'Argus „.

3)_ Les fouilles furent de nouveau reprises, sous le patronage de Victor-Emmanuel II, en 1869, et furent poursuivies jusqu'en 1875. Mais on ne mit à découvert que le début de deux autres insulae et la façade méridionale des Thermes. Les travaux s'arrêtèrent au bas des premières maisons de Résina, en raison de l'opposition des propriétaires des terrains. 

Plan 5 Fouilles herculanum

4)_ Après l'échec de la tentative faite en 1904 par l'archéologue anglais Charles Waldstein d'organiser les fouilles d'Herculanum sur un plan international, les recherches ont été reprises sur l'initiative du Gouvernement italien avec la ferme intention de leur donner la même continuité que les fouilles de Pompéi. Le programme des nouveaux travaux se fixa un double but: tout d'abord, découvrir une bonne partie de la ville en étendant les explorations aux zones les plus négligées lors des précédentes fouilles par galeries souterraines; en second lieu, explorer les zones suburbaines notoi­rement riches en villas patriciennes. 

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Grâce à l'organisation donnée aux récentes fouilles et aux résultats déjà obtenus durant les pre­mières années, Herculanum est devenu un des centres archéologiques les plus importants et du plus grand intérêt pour l'étude des villes antiques, ainsi qu'un précieux complément à la connaissance de Pompéi et, enfin, une des zones offrant le plus de promesses de récupération d'oeuvres d'art.

LES  NOUVELLES  FOUILLES

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Les fouilles ont été reprises là où elles avaient été abandonnées après avoir été bordées par de puissants murs de remblai, en 1875 (Pl. I,). Elles s'attaquèrent, tout d'abord, au front oriental, c'est-à-dire à la partie de la ville ancienne qui s'étend sur des zones sans aucune construction moderne. Puis elles se dirigèrent vers la partie située en amont, afin d'atteindre au moins l'artère du decumanus maximus et le centre de la ville, ce qui a nécessité la démolition partielle d'humbles maisons d'un des quartiers les plus populaires de Resina.

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Au début de la dix-huitième année des fouilles d' Hercu­lanum, trois grandes insulae (Insulae III, IV et V) du quartier méridional de la ville avaient été complètement désensevelies te les Thermes publiques, dont on ne connaissait que la palestre, avaient été mis à découvert, ainsi que deux grands corps de bâtiments isolés du quartier oriental, dont le plus grand donne sur une très vaste palestre bordée de portiques. On avait com­mencé aussi le désensevelissement de la partie suburbaine hors des murs et des portes méridionales de la ville. Au total, en un peu plus de trois lustres, la zone désensevelie, y compris les rues et les édifices, était trois fois plus étendue que celle mise si péniblement à découvert, le long de la partie orientale, en 50 ans (de 1825 à 1875), durant lesquels s'alternent l'enthousiasme et le doute, les abandons et les reprises, pour ne dégager que des parties secondaires de quelques édifices (Pl. II, ), sans réussir à isoler une seule maison en entier.

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Lorsque l'on aura déterré les constructions de l’ insula orientalis, on pourra, dans un proche avenir, reprendre les fouilles des insulae VI et VII, de manière à les remettre dans leur alignement normal, le long du decumanus maximus de la ville. On pourra, ensuite, explorer la zone suburbaine et celle des nécropoles, où d'autres villas patriciennes nous réservent, sans aucun doute, la plus abondante moisson de sculptures, d'objets d'art et d'autres collections de papyrus.

TECHNIQUE ET CONDUITE DES FOUILLES

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A Pompéi, les fouilles exigent, on le sait, une grande habi­leté et même de la virtuosité de la part des ouvriers et spécialis­tes, et de l'esprit critique et un sens artistique très vif de la part du personnel dirigeant, pour arriver, grâce à un ensemble harmonieux d'ouvrages de déterrement, de protection, de res­tauration et de reconstitution, à ramener au jour, par le simple travail de désensevelissement, cet admirable et précieux do­cument de vie qu'est la maison antique.
A Herculanum, des soins encore plus grands sont nécessaires, en raison des difficultés spéciales qu'il faut surmonter unique­ment pour désensevelir les édifices, avant d'en arriver au travail plus lent et plus délicat de récupération, de recomposition, de protection de tous les éléments structuraux, architectoniques et décoratifs d'une ville ensevelie et enserrée dans une couche de boue durcie, aussi compacte parfois qu'un banc de tuf.

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Il s'agit d'extraire de cette masse dure, de dégager de l'emprise tenace de la coulée de boue, les parois lézardées ou abattues, les crépis et les stucs détachés de pauvres maçonneries désa­grégées par l'humidité naturelle du terrain, les poutres effon­drées, les minces cloisons à clayonnage de bois et souvent à treillis de roseaux et, enfin, tous les divers objets et ustensiles ménagers non seulement en bronze, en fer ou en terre cuite, mais aussi en bois, en os et en verre, jusqu'aux coques d'oeuf que l'on trouve encore dans le garde-manger fermé, jusqu'aux tabulae ceratae où figurent des quittances, des contrats et des documents de " negotia privata „ et jusqu'au rouleau de fin papyrus qui conserve les traces de Vatramentum de l'écriture (Pl. IV, ).

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Les principales difficultés ne sont pas dues à la dureté et à l'épaisseur du terrain, qui constituent au moins (là où n'ont pas été effectuées de fouilles par galeries souterraines ou cuniculi) des conditions exceptionnellement favorables à la con­servation des objets et ustensiles de toutes sortes. Elles pro­viennent de la présence de ces innombrables cuniculi ouverts par les terrassiers de l'époque bourbonienne, partout, dans tous les sens, jusque dans les étages supérieurs des maisons, à seule fin d'arracher des oeuvres d'art et des objets divers des entrailles du sous-sol, sans aucun égard pour les struc­tures des édifices condamnés à rester ensevelis à jamais (Pl. V, ).

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Ainsi, par suite du percement des galeries à travers les rues et les murs des maisons ou des édifices publics, ainsi que de leur remplissage au fur et à mesure avec le déblai des terres, les parois sont la plupart du temps trouées à la base. Souvent, plaquées à la couche de boue solidifée, elles semblent mira­culeusement suspendues au-dsssus du sol. Portes, pavements et plafonds des étages supérieurs sont perforés, les voûtes effondrées, les pieds-droits brisés, écrasés ou complètement abattus sous le poids de la masse qui leur était imposée ou par suite du manque de résistance du terrain sur lequel ils reposaient. Un exemple typique de ce déplorable système de fouille est fourni par l'écroulement, provoqué par les cuniculi de la Vega, de la voûte du grand vestibule d'accès à l'immense péristyle de Yinsula orientalis, que l'on a identifié à tort comme le " Temple de la Mater deum ,,.

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La présence des cuniculi, dans la zone que l'on a dû attaquer en premier, rend, pour n'importe quel édifice, les fouilles extrê­mement difficiles et compliquées. Il n'est pas toujours possible, ici, de suivre le vieux principe traditionnel des fouilles strati-graphiques ou par couches, parce que, avant de libérer les étages supérieurs de leur carapace de terre, il faut creuser pour redresser les murs dont la base a fléchi et boucher d'énor­mes brèches. En outre, il faut recomposer d'entières parois peintes, réduites en morceaux par l'action inconsidérée et la furie dévastatrice et aveugle des cavamonti. Aussi arrive-t-il souvent que, dans une pièce décorée de riches peintures, la partie supé­rieure des murs se soit conservée sur une grande hauteur mais qu'il manque au contraire toute la partie inférieure. De même, dans certaines maisons, l'étage supérieur est mieux conservé que le rez-de-chaussée. 

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Etant donné la hauteur parfois consi­dérable jusqu'à laquelle les édifices d'Herculanum sont conservés, on se rend compte facilement de la somme ds travail, de soins, de procédés habiles et géniaux, dus à la tradition séculaire des ouvriers napolitains, qu'il a fallu mettre en oeuvre pour arriver, d'abord, à désensevelir un seul édifice, puis à l'amané-ger définitivement, de manière à assurer la conservation de la structure et de la décoration, qu'il s'agisse des parties en ma­çonnerie ou des pièces de bois carbonisées et friables, de la grille qui barrait une fenêtre ou des restes du tissu végétal dont était faite la couverture d'un lit. Mais, ici comme à Pompéi, tout ce qui est ancien est scru­puleusement respecté par ceux qui sont chargés des fouilles et des restaurations, de sorte qu'il est possible, même pour quel­qu'un de peu expert dans l'art de bâtir, de distinguer nettement les maçonneries de soutien, de reprise ou de couverture, ajou­tées au cours des travaux actuels, et celles appartenant à la construction originale.