L' Insula Orientalis 2 se trouve au nord de Insula Orientalis I et l'est du Cardines 5. Le bloc entier est occupé par un ensamble unique de opus reticulatum qui s'étend sur environ 55 mètres le long de Cardines 5. Un certain nombre de magasins, adossés à la façade monumentale donnant sur le Cardines, ont  fourni les besoins du public qui fréquentait les Palaestra à l'arrière. Ces magasins comprennent aussi un Pistrinum. À la limite nord de l'insula est le Aula Superiore (Salle haute) du complexe de la Palestre qui s’ ouvre avec une entré avec colonnes, et qui mène jusque au Decumanus Maximus.

Tout le quartier oriental de la ville, qui va de l'extrême limite méridionale vers la mer jusqu'au carrefour du decumanus maximus, peut être divisé en deux grands groupes indépendants d'édifices, séparés entre eux par une ruelle qui ne communique pas avec les artères des autres quartiers. Les maisons du groupe du côté méridional offrent le même caractère d'élégance et de luxe que nous avons noté dans toutes celles qui sont situées sur le front faisant face à la mer. En revanche, le grand groupe s'étendant vers le Nord, sans aucune interruption, nous pré­sente un type entièrement nouveau de construction aussi bien pour Herculanum que pour Pompéi.

Un bloc très étendu en lon­gueur et en largeur, divisé en plusieurs secteurs et en plusieurs étages, tel qu'on en avait seulement trouvé, jusqu'alors, dans de plus grands centres urbains, plus évolués du point de vue industriel et commercial (Ostie, Pouzzoles, Rome) (Pl. XXXIV, fig. 61).
De ce côté, les fouilles ont été poussées jusqu'à la limite imposée par la proximité de l'allée actuelle d'accès. Elles de­vront être étendues par la suite, de manière à atteindre la limite extrême du quartier oriental de la ville, englobant la zone des véritables villas et de la nécropole.

La route (cardo V), plus large dans sa partie supérieure (de la ruelle méridionale au decumanus maximus), est pavée de grosses dalles de calcaire blanc, gris et veiné, jusqu'aux dernières maisons orientées vers la mer. Puis elle traverse la crête par un passage voûté et descend par une forte pente vers le quartier suburbain et le littoral.

~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~

LA GRANDE PALESTRE

Le caractère général de cette insula, bien que les fouilles y soient encore en cours, peut être sommairement défini, grâce à la partie qui y a été désensevelie tout le long du front oriental du cardo V. Ce caractère non seulement diffère profondément de celui des autres quartiers de la ville mais s'éloigne des formes et des types de construction adoptés pour les édifices particu­liers au Ier siècle de l'Empire et si abondamment mis en lu­mière par les fouilles de Pompéi.

Au lieu de vastes demeures élégantes ou de modestes mai­sons d'artisans, répondant toutes plus ou moins au type tradi­tionnel de la domus, nous avons ici une grandiose construction, qui s'étend sur plus de 80 mètres de façade, depuis la petite ruelle méridionale jusqu'à hauteur du  decumanus maximus.L'uniformité des structures qui sont en opus reticulatum gros­sier et irrégulier, d'époque postérieure à l'ère d'Auguste, et dont les pieds-droits sont renforcés de rangées alternées de tuf et de briques, en fait tout un corps homogène, datant d'une seule période et conçu de manière organique. 

On note que la chaussée, tout le long de la façade, a été agrandie et refaite, ce qui laisse supposer que cette construction devait marquer le début d'un véritable quartier nouveau de la ville, ainsi que le commencement d'une transformation profonde et radicale de l'art de la construction à Herculanum, transformation que nous trouvons en plein développement au II*"» et au même siècle, surtout à Ostie. Ainsi Herculanum, mieux encore que Pompéi, se présente à nous comme étant à l'avant-garde de ce mouvement de transformation, sous l'influence qu'a dû exer­cer directement sur elle la proximité de deux grands centres tels que Neapolis et Puteoli (Pouzzoles).

Sur ses deux fronts, cette insula comprend des édifices tout différents par leur nature et leur destination. Sur le front tourné vers la ville (cardo V), c'est une série de constructions de caractère commercial, réparties en boutiques et maisons de location divisées en plusieurs appartements et avec plusieurs étages, maisons très élevées, avec portes et escaliers au départ de l'entrée, mais n'ayant plus aucun des éléments de la maison traditionnelle. Sur le front tourné vers les faubourgs et la campagne (côté oriental), on a une série de salles grandioses à voûtes et avec absides, ainsi qu'un long ambulacrum qui s'ouvre sur un vaste jardin de 80 mètres de côté.

Un imposant vestibule d'entrée donne accès au portique, au jardin et aux grandes salles qui le bordent. Le front prostylon de ce vestibule, comme dans un temple in antis, est dans l'axe du decumanus inferior. Un autre vestibule, plus imposant encore, s'ouvre à l'extrémité Nord de l'édifice, dans l'axe du decumanus maximus et donne accès aux autres pièces et à une loggia, d'où la vue s'étend sur le grand jardin. L'ampleur du péristyle et du jardin, ainsi que les proportions d'une grandeur inusitée des entrées, révèlent le caractère d'édifice public de l'ensemble de ces cons­tructions et de la partie ceinte du portique.

Il s'agit certaine­ment d'une Palaestra publique ou d'un gymnasium dont l'exis­tence est attestée par la référence qui en est faite dans le décret honoraire de M. Nonius Balbus et confirmée par la découverte récente à Pompéi d'une " Grande Palestre " également, de l'époque impériale.
Le grandiose vestibule d'entrée, qui donne accès au porti­que, fait face avec ses deux colonnes, à la manière d'un propylon ou de la cella d'un temple, au débouché du decumanus inferior, du côté Est (n. 4). Cet édifice avait été traversé par plusieurs galeries, lors des fouilles souterraines, et La Vega en avait fait une description et un relevé sommaires. C'est lui qui fut, à tort, désigné comme étant un " Temple de la Mater Deum,,, après la découverte, dans le voisinage, d'une inscription rappelant les restaurations faites à ce temple par Vespasien (C. /. t., X, 1406)

Les nouvelles fouilles ont prouvé qu'il ne s'agit pas d'un édifice sacré mais d'une grandiose entrée ou d'un majestueux passage d'accès à une enceinte publique de la ville. Cette entrée (ou ce passage) était constituée par un prothyron à colonnes, à la façon du pronaos d'un temple, ou d'un vestibule qui, par ses dimensions, pourrait être comparé à un vaste tablinum. Le pavement est en tessellatum noir rehaussé de sectile de marbre, les murs sont à fond blanc avec décoration architec-tonique et la voûte est également à fond blanc parsemé d'étoi­les. Mais le percement des galeries et les éboulements ont fini par provoquer l'écroulement d'une partie des murs et de la voûte, dont les vestiges de la curieuse décoration sont alignés au bas des murs (Pl. XXXV, ).

Du portique et de la cour, on a, jusqu'à présent, ramené au jour tout î'ambulacrum et la colonnade de l'aile occidentale, longue de 77m,8o. Les colonnes de tuf et de briques, revêtues de stuc, ont été trouvées dans la couche de boue durcie où elles étaient tombées- Elles ont été relevées et remises sur le stylo-bate formé de grandes dalles de tuf.
Au centre de l'aile du portique, s'ouvre une vaste salle à abside, primitivement voûtée, avec une grosse niche dans le mur de fond, le pavement autrefois entièrement couvert de dalles de marbre polychrome, la plinthe également en marbre et, au milieu, une grande table de marbre blanc et gris de Carrare, servant de mensa agonistica.

Sur les côtés, deux autres salles plus petites avec des traces de belle décoration sur les murs et sur les voûtes. A gauche, on remarque des fragments reconstitués de la décoration du plafond, avec des bustes en médaillons exécutés en détrempe.
Le côté Nord est formé, en bas, d'un cryptoportique à fe­nêtres avec une longue pièce voûtée à l'intérieur et, en haut, d'une galerie qui permettait au public de suivre les jeux qui se déroulaient dans la palestre. Le centre de la partie décou­verte était occupé par une grande vasque en forme de croix, longue de 35 mètres, peu profonde mais pouvant servir de piscine et de natatio pour les jeunes gymnastes herculanais. On peut descendre au fond de cette vasque et parcourir les galeries souterraines des vieilles fouilles, aboutissant aux côtés encore ensevelis de la palestre.

Au centre de la vasque, une grande fontaine de bronze, découverte aun cours de dernières fouilles, est posée sur un pilier. Elle est formée d'un tronc d'arbre auquel un serpent s'enroule en grandes spirales. Des cinq têtes du serpent, l'eau fusait en éventail et retombait dans le bassin.
Dans le vicolo qui borde la Palestre au Sud, on visite le Pistrinum (four et moulin de boulangerie). - C'est la plus importante entreprise de ce genre qui ait été découverte, jusqu'à présent, dans la partie désensevelie de la ville. Son ins­tallation à l'angle du grand corps de bâtiments de l'insula orien-talis et l'annexion de quelques pièces d'une ancienne maison noble, donnant sur le côté oriental, doivent dater des dernières années de la vie d'Herculanum (Pl. XXXVI,).

Aussitôt après l'entrée, on voit le four, dont la voûte est écroulée mais dont la porte de fer est encore fermée. A côté, une cassette de plomb pour y tremper le balai de feuilles de maïs servant au nettoyage du four avant la cuisson. A terre, une grosse jarre en terre cuite et, dans le coin, la cuvette d'un moulin à froment. Dans la petite cour, deux meules de type courant (meta et catillus) sont conservées. Elles devaient être actionnées par un petit âne, comme l'indiquent nettement la découverte d'ossements, tout autour, sur le pavement, le fait que l'angle du pilier a été émoussé pour permettre le mouvement giratoire de l'animal, et la présence d'une écurie (stabulum) avec stalle pour bêtes de trait et de somme, portant encore la trace profonde de l'encastrement du râtelier.

Les portes étroites, de l'autre côté, donnent accès à deux latrines séparées par une cloison. Les affaires de ce boulanger herculanais devaient être prospères, à en juger par l'annexion au pistrinum de pièces élégantes, à pavements en fin tessellatum, à voûtes en berceau et à décoration délicate. Dans une de ces pièces, dont le niveau est nettement plus élevé, on a trouvé une gracieuse table en bois avec les pieds sculptés en forme de tête de griffon. Cette table provient d'une des pièces des étages supérieurs. Mais d'autres boutiques intéressantes faisaient partie de cette insula orientalis.

~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~

Boutique N. 1. - Grande boutique d'angle, avec arrière-boutique et marche d'appui pour l'escalier en bois menant à l'étage supérieur.

Boutique N. 2. - Long couloir d'entrée menant au logement du propriétaire du pistrinum de la ruelle méridionale (n. 1A): à droite en entrant, l'ancienne loge du portier, affectée sans doute, dans les derniers temps, à un usage plus rustique.

Boutique N. 3. - Boutique aménagée dans un étroit renfoncement.
A gauche du grand vestibule {n. 4), en remontant le trottoir du côté Est jusqu'au decumanus maximus, les grandes portes des boutiques et les portes des maisons d'habitation, avec leurs escaliers d'accès aux étages supérieurs, se suivent en enfilade. C'est, comme on l'a déjà dit, le quartier commerçant et indus­triel d'Herculanum, où les boutiques pour la vente des denrées alimentaires alternent avec les boutiques d'artisans.

Boutique N. 5. - Atelier (peut-être d'une teinturerie) avec un four constitué par une grande jarre dont le fond est troué et qui est murée au-dessus d'un foyer; derrière, l'arrière-boutique, et, €n haut, l'entresol et l'étage.

Boutique N. 6. - Boutique avec comptoir et restes de décoration sur fond jaune; dans l'arrière-boutique, nombreuses amphores, dont l'une porte l'inscription peinte sur le col: M. Elvi Alcimi Herclani.

Cage d'un escalier N. 7. - montant aux étages supérieurs du grand immeuble divisé en plusieurs appartements. C'est, en réalité, le premier type d'entrée d'une maison construite en pleine époque impériale, tel qu'on en trouve à Ostie.

Four et pâtisserie N. 8. -, avec quatre pièces, deux sur la rue et deux derrière. Dans la boutique, deux moulins à farine; dans l'arrière-boutique, 25 plats en bronze pour faire cuire au four des gâteaux et des tartes (" pizze „), de toutes tailles. Dans la vitrine contre le mur, le sceau de Sex[ti] Patulci Felicis, sans doute le propriétaire de l'établissement. A l'intérieur, dans des pièces plutôt sombres et noircies de suie, le four parfaitement conservé et le local pour la préparation des gâteaux, l'un et l'autre marqués d'emblèmes contre les génies malfaisants qui s'attaquaient à la cuisson.

Boutique N. 9. - Petite et élégante caupona (boutique) avec son foyer, son aquarium et la latrine à côté de la porte. Le comptoir devait être en bois. Sur le mur de face, peinture de Laraire représentant Hercule en train de boire entre Dionysos et Mer­cure. Au-dessus de la porte de l'arrière-boutique, la grosse étagère caractéristique pour poser les amphores couchées. Dans l'arrière-boutique, fragment d'un lit en bois et vive dé­coration à panneaux sur les murs.

Boutique N. 10. - Boutique sans comptoir, probablement celle d'un artisan. Dans la petite pièce fermée, métier à main pour broderie et, à côté, un escabeau. Sur le lit marqueté et plaqué suivant un dessin à méandres, un squelette d'adolescent. Au mur, une trdpeza de marbre avec divers objets trouvés dans les pièces du rez-de-chaussée et de l'étage. Dans les pièces situées derrière, on a trouvé un riche dépôt de gemmes en par­ties taillées, en partie dégrossies seulement. On suppose que ce devait être l'atelier d'un gemmarias.

Boutique N. 11. - Boutique avec fourneau pour teinturerie; dans la petite pièce du fond, une trdpeza.

Boutique N. 14-16. - Boutiques d'arts et métiers: au n. 16, on voit encore un des battants de bois à transenne de la porte de la petite pièce du fond.

Boutique N. 19. - Grandiose salon prostylon à pavement en tessel-latum noir et incrustations de marbre, comme la plinthe. Il ne reste que des fragments des encadrements et de la riche déco­ration de IVème style qui recouvrait les murs. La pièce est divisée, à un peu plus de la moitié, par deux légères colonnes, primitivement revêtues de stuc, et deux piliers. L'entrée, qui s'ouvre sur le côté méridional, débouche sur la loggia à piliers et à transenne bordant la grande Palestre. Sur la loggia donnent deux pièces voûtées et élégamment décorées, ainsi que d'autres locaux rustiques. Le reste de cette grande méniane ou galerie, qui devait longer, à la manière d'un matroneum, tout le côté septentrional de l'édifice de la Palestre, est encore enterré sous l'allée actuelle donnant accès aux fouilles. Elle sera désense-velie, lorsque, au cours des prochaines années, les fouilles s'étendront le long du front de l'insala orientalis.

Boutique n. 10, maison n. 11. - Le comptoir de vente ne se trouve pas devant l'entrée de la boutique, comme c'était l'abitude à Pompéi, mais il est situé à l'intérieur, dans un angle. La grande quantité de blé carbonisé ou plutôt minéralisé, que l'on a trouvée dans une jarre, laisse supposer que, dans cette boutique, on vendait surtout des céréales. La pièce qui vient après, à l'Est, devait servir à la fois d'arrière-boutique et de logement. L'humble maisonnette, avec l'entrée au n. 11, faisait partie de la boutique. Elle comportait, à gauche, un corridor avec la latrine au fond, ainsi qu'une grande pièce éclairée par deux fenêtres et dont les murs conservent des restes d'élégante décoration dans la partie supérieure; à droite, après une porte très basse, un cubiculum avec quelques traces de décoration en stuc blanc.

Maison n. 12-13. - Elle constitue l'entrée de l'habita­tion du propriétaire de la grande boutique d'angle au croise­ment du decumanus avec le car do (n. 15-16, v. ci-après). Cette habitation englobe toutes les pièces situées entre l'entrée du n. 12 et l'entrée de la boutique au n. 15, à l'exception de la bou­tique portant le n. 14, qui se trouve encastrée dans l'édifice, avec son rez-de-chaussé et son logement à l'étage, et qui, d'après le nombre important d'amphores qu'on y a trouvées, devait être plutôt le magasin d'un négociant en vin qu'une caupona pour la vente au détail (Pl. XXIX, fig. 52). L'entrée portant le n. 13 est flanquée, elle aussi, d'un» petite boutique (ou local affecté au règlement d'affaires com­merciales). Elle s'ouvre sur un vestibule avec deux bouches de puits au niveau du pavement. Au-dessus de l'une d'elles, on a trouvé un treuil en bois qui servait à tirer l'eau. A côté, deux cubicula pour le portier. Le petit atrium rectangulaire, avec l'impluvium bordé de marbre et le pavement en signinum aux fines incrustations de mosaïque et de marbre, ainsi que deux pièces bien décorées se faisant vis-à-vis, constituaient le véri­table appartement réservé à la famille du riche marchand. On remarque, pour la préciosité et l'affectation de son ornementa­tion, le panneau en sectile qui orne le pavement du petit tri-clinium, au Sud de l'atrium. Le couloir, au fond de ce der­nier, faisait communiquer l'appartement et la boutique.

Boutique n. 15-16. - Cette boutique est la plus grande et la plus riche qui ait été découverte, jusqu'à présent, à Hercu-lanum- Elle a deux vastes entrées, l'une sur le cardo et l'autre, plus grande, sur le decumanus. Le comptoir de vente, à double podium, entièrement revêtu de débris de marbres polychromes, se trouve à l'intérieur, ce qui permet à la clientèle de s'abriter et de se reposer au lieu d'être obligée de stationner sur le trot­toir. Encastrées dans le podium du comptoir, huit jarres ont été retrouvées avec les denrées (céréales et légumes) qu'elles contenaient. Une autre jarre plus grande est à demi enterrée, à l'angle d'un pilier. Un foyer pour faire réchauffer des plats est installé à l'abri, dans un coin, au Sud-Est (Pl. XXIX, fig. 53). Derrière le magasin, deux pièces séparées par une mince cloi­son en opus craticum constituaient l'arrière-boutique. Sur le côté, d'autres pièces servaient à entreposer les marchandises et à faire attendre la clientèle. Elles proviennent de la transfor­mation par le marchand de chambres finement décorées de l'habitation primitive. Située, comme elle était, au croisement de deux grandes artères et à proximité d'une fontaine publique, cette boutique devait faire la richesse de son propriétaire, ce qui explique l'importance de son installation commerciale et l'ampleur du logement qui lui est annexé.

A l'angle formé par le croisement du decumanus inferior et du cardo, on trouve, en partie encastrée dans le trottoir, une
Fontaine publique, dite Fontaine de Neptune, à cause du mascaron qui décore le jet d'eau. Comme les nombreuses fontai­nes de Pompéi, elle est constituée par un simple bassin rectan­gulaire, dont un des côtés se termine par un renflement, orné du mascaron, par où sortent la fistula et le jet d'eau. Le bassin est formé de grosses dalles de calcaire assemblées par des cram­pons de plomb. La sculpture, bien que rudimentaire, a la vi­gueur de l'art populaire, et le visage du dieu, entre les lèvres duquel passe le jet d'eau, a une expression voulue de gaieté enjouée (Pl. III, fig. 6)

On trouve ensuite, le long du front de la même insula sur le cardo V, Maison d'habitation avec boutique (n. 17-18). - Cette maison, comme les précédentes, est plutôt spacieuse mais d'un caractère simple, presque rustique, avec une boutique sur un côté, communiquant par une petite porte avec le loge­ment. Son propriétaire appartient aussi à la classe des marchands, comme le propriétaire de la boutique d'angle voisine, mais, le commerce étant moins prospère, l'ensemble est d'aspect plus modeste.
La boutique est plutôt étroite. Sur le comptoir de vente, placé sur la ligne même du seuil, sont exposées des noix, qui ont été retrouvées dans une grande jarre à demi enterrée, de la vaisselle de bronze et deux lanternes. 

A côté de l'entrée, les restes d'un foyer. Sur le mur derrière le comptoir, une peinture avec une figure de Priape, une grosse jarre ventrue, une autre figure de femme avec un tintinnàbulum et une bourse dans les mains: emblèmes contre le mauvais oeil. La petite pièce qui vient ensuite, avec un podium bas tout autour, servait d'arrière-boutique et d'office. On voit encore les trous des supports des étagères en bois et, plus haut, les murs peints d'une chambre de l'étage supérieur avec la plinthe décorée de buissons de verdure sur fond blanc. Dans cette même petite pièce, on a retrouvé un petit réservoir en plomb pour la distribution de l'eau.

La maison (n. 18) a une entrée qui a été divisée dans le sens de la longueur par un léger mur, pour y installer, sans doute, la cage d'un escalier menant à l'étage. Elle se développe régu­lièrement autour d'un petit atrium tétrastyle, clos par un plu-teas et à deux étages, avec une galerie percée de fenêtres, ser­vant de dégagement à toutes les pièces du premier étage. Il s'agit d'une véritable petite cour d'éclairage, comme celle que nous avons eu l'occasion d'observer dans la " Maison à cloi­sons „. Les pièces, très abîmées par le percement des galeries souterraines, ne conservent que de rares traces de la déco­ration primitive. On remarque, cependant, la pièce triclinaire avec antichambre, donnant sur le côté Est du petit atrium et dont les murs ont encore des panneaux à décoration de coquil­lages. Une ouverture donnait, à la manière d'un judas, sur l'intérieur de la boutique, preuve de la surveillance attentive que le patron ne manquait pas d'exercer sur ses employés.

Maison de l'Etoffe (n. 19-20). - Logement et laboratoire d'artisans, probablement de tisserands ou de marchands d'étof­fe. Dans le local rustique situé à l'entrée et servant de boutique: un foyer, une douzaine d'amphores et un grand mortier. A côté, une grande salle portant des traces d'une peinture du IVème style. Au fond, une petite pièce où sont exposés des morceaux d'étoffe, dont la trame porte encore le dessin. Enfin, un court corridor menant à quelques pièces et à une latrine, éclairées par une courette. On remarque l'agencement curieux des deux escaliers, le plus grand partant de l'extérieur et menant aux pièces du premier étage, et le plus petit, situé en dessous, par­tant de l'intérieur de la boutique et menant à une pièce de l'entresol.

Description : Insula Orientalis Sud....