Insula_3
Les nouvelles Fouilles
Les nouvelles Fouilles
L' Insula 3 se trouve directement en face du Cardines 3 de Insula 2 et est lié par Cardines 4 à l'est et le Decumanus inférieur vers le nord. A sa limite sud, l'insula a une vue panoramique sur la baie de Naples. Une Porte permet de accéder a la plage et au port de la Cité. L'insula contient plusieurs édifices intéressants qui, dans la plupart, sont dans un état raisonnable de conservation. Les plus importants des maisons de l'insula sont les Maisons du Squelette , de l’ Hermes de Bronze, de l’ Opus Craticium, de la Cloison de bois et, occupant un emplacement de choix dans la moitié inférieure de l'insula, la Maison de l' Auberge. Malheureusement, cette dernière maison ; cette dernière maison appuie sur les murs méridionales de la ville vers la mer.
(E) Maison de l'Hôtel (ínsula III, n. 19). - C'était la maison la plus vaste et peut-être aussi la plus riche de tout le quartier méridional de la ville. Elle occupait au moins les 3/5 de la superficie de toute Yinsula III et elle était plus étendue que les cinq ou six autres maisons mises ensemble. Les fouilles précédentes en avaient déjà désenseveli tout le côté donnant sur le cardo III. L'ampleur de ses proportions et quelques découvertes particulières faussement interprétées avaient fait croire à tort qu'il s'agissait d'un " hôtel „ ou, comme la terrasse à piliers du côté méridionale le fit supposer à un certain moment; d'une Basilique.
En réalité, son plan, bien que compliqué, possède, comme celui des autres maisons du front méridional, toutes les caractéristiques de l'opulente demeure particulière, conçue principalement pour jouir, vers la mer, du vaste panorama sur le golf et, à l'intérieur, d'un grand jardin avec l'ombre fraîche d'un portique. Sous la grande terrasse située sur le faîte du promontoire, d'autres pièces d'habitation, d'une fraîcheur remarquable et avec une vue magnifique, avaient été aménagées. On les a pris à tort, pendant un certain temps, pour un sacellum souterrain (Pl. XIX, fig. 17).
Malheureusement, cet édifice, parmi tous ceux qui ont été découverts jusqu'à présent, nous est parvenu dans les plus mauvaises conditions de conservation non seulement en raison des dommages causés par le fleuve de boue déchaîné par l'éruption, qui semble avoir arraché et emporté une grande partie des murs des pièces, et à cause du percement des cuniculi de l'époque bourbonienne, mais aussi et surtout par suite des nombreuses transformations qu'il avait subies depuis sa construction et dont la dernière, la plus radicale de toutes, était en voie de réalisation, au moment du cataclysme. De nombreux indices révèlent, en effet, que la maison était en train de perdre son caractère de demeure patricienne pour prendre celui d'immeuble de type commercial et utilitaire.
On note parmi ces indices: le détachement de toute une aile du côté Nord pour en faire une petite maison d'habitation absolument indépendante (n. 19), la transformation d'une des grandes salles du portique en boutique (n. 2), l'état d'abandon dans lequel avait été laissé le bain particulier conservant encore les caractéristiques de la bonne période du règne d'Auguste, l'existence d'une cour et de locaux qui font penser à une entreprise avec ses ateliers plutôt qu'à une dépendance rustique d'une propriété privée. Ainsi donc, à Herculanum comme à Pompéi, on assiste à la montée et à l'envahissement graduel de la classe des commerçants, qui arrive même parfois à prendre la place, dans les plus riches maisons de la ville, de la classe patricienne appauvrie.
Sous ce rapport, la " Maison de l'Hôtel „, toute dégradée et mutilée qu'elle soit, constitue un des exemplaires les plus typiques et les plus instructifs de constructions privées des anciens temps, en raison même de la complexité de son plan et de l'importance particulière du rôle attribué aux couloirs pour rendre les divers groupes de locaux indépendants les uns des autres. La maison, qui possède une entrée principale au n. 19 du IV° cardoet une entrée secondaire au n. 1 du IIIéme cardo peut être divisée en quatre parties:
A) Quartier de l'atrium avec un élégant bain privé (à droite) reconnaissable à sa décoration du IV° style et à son pavement, ainsi que de nombreuses pièces, dont certaines ont conservé leur pavement en signinum finement décoré d'incrustations en marbre blanc; B) Quartier du péristyle, avec son vaste jardin encaissé au-dessous du niveau du portique (on y a trouvé le tronc d'un poirier carbonisé); C) Quartier de la grande terrasse à portique avec une ample salle de réception et des cubicula plus petits; D) Quartier de l'étage inférieur et des souterrains, dont on n'a découvert, jusqu'à présent, que l'escalier et le long couloir de descente.
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(G) Maison à l' Hermès de Bronze (Insula III, n. 16). - Bien qu'elle soit minuscule et étroite, cette maison au plan resserré et allongé, a conservé, jusqu'au dernier moment, le caractère et les structures primitives d'une maison de type samnite, reconnaissables surtout à l'emploi de matériaux en opus qua-dratum de tuf dans les jambages du portail d'entrée et des portes qui s'ouvrent sur l'atrium, ainsi que dans l'élégant bassin de l'impluvium. Cependant, par manque d'espace, le plan traditionnel de la maison samnite a dû être réduit et simplifier en abolissant les pièces le long des deux côtés de l'atrium.
A l'intérieur, outre les deux pièces situées à côté du couloir d'entrée, on trouve, au fond de l'atrium, un petit tablinum, une petite cour d'aération et une grande salle, peut-être un triclinium, qui conserve des vestiges assez importants de la décoration. Un hermès en bronze est appuyé à l'une des antes du tablinum. C'est un portrait vigoureux mais aux traits grossiers, oeuvre d'un artiste local, qui représente presque certainement le propriétaire de la maison. Les pièces d'habitation se trouvaient, sans aucun doute, à l'étage supérieur et l'on y accédait par l'escalier en bois dont la cage se trouvait dans le couloir rustique et en cul-de-sac situé à gauche du tablinum et où s'ouvre également, dans un angle, la bouche d'un puits (Pl. X, fig. 19).
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(H) Maison à cloisons - Opus graticium - {Insula III, n. 13, 14, 15). - A côté des diverses maisons de type samnite à caractère patricien, Herculanum nous donne, dans cette humble construction, un exemple admirablement conservé de maison de type populaire et économique, construite selon une technique et avec des matériaux plus pauvres que dans la construction commune en maçonnerie, c'est-à-dire en opus craticium. Les parois ont une armature de bois ou même de roseaux disposés en treillis. Vitruve explique l'adoption de cette technique par la rapidité d'exécution qui en résultait et le peu de consistance du terrain sur lequel il fallait bâtir. Mais il signale aussi les graves inconvénients qu'offraient ces maisons d'être facilement la proie des incendies et de s'imprégner de l'humidité du sous-sol.
A Pompéi, il existe de nombreux exemples d'utilisation de cette technique pour les parties accessoires, surélevées ou suspendues, des maisons de la dernière époque et de caractère commercial. Mais cette maison d'Herculanum est le premier exemple d'un édifice complet et organique construit de cette manière, aussi bien au rez-de-chaussée qu'à l'étage supérieur. Tout le squelette de la maison, à l'exception des murs périmétraux et de quelques locaux ayant appartenu à une construction antérieure, est constitué par des piliers en briques et de légères cloisons composées de cadres de bois remplis de maçonnerie en opus incertum, agglomérée avec beaucoup de chaux. La paroi est ensuite recouverte de l'habituelle couche de stuc et du crépi de couleur (tectorium).
En outre, par son plan, par la distribution de ses pièces et par sa division en deux petits quartiers bien distincts accessibles l'un par l'entrée du rez-de-chaussée (n. 14), l'autre par la porte et l'escalier au numéro suivant (n. 13), cette habitation représente également, parmi les constructions pompéiennes et herculanaises, le type le plus net de maison de rapport louée à plusieurs familles qui n'ont en commun que la lumière de la cour et l'eau du puits.
La façade sur la rue est formée d'un petit portique surmonté d'une galerie terminée par une petite pièce (Pl. XI, fig. 20).
Une entrée large et basse (les poutres du plafond reproduisent exactement les travées originales carbonisées) introduit dans une petite cour (remplaçant le classique atrium), entourée d'un haut podium et sur laquelle donnent les pièces et les larges fenêtres horizontales du rez-de-chaussée, et les fenêtres étroites et verticales, avec l'appui très bas, du premier étage. C'est déjà, en embryon, la cour de la maison moderne de rapport, à plusieurs étages et habitée par plusieurs familles (Pl. XII, fig. 21). Une des pièces à rez-de-chaussée, qui devait probablement servir d'atelier, communique avec la boutique qui s'ouvre sur la rue. C'était sans doute le logement d'un artisan (Pl. XII, fig. 22). Par un escalier, dont il reste quelques marches de l'époque, on montait aux chambres de l'étage supérieur: un cubi-culum étroit, remarquable par la vivacité de sa peinture rouge, et une chambre un peu plus grande.
Ces deux pièces conservent encore leur antique ameublement: les cadres de bois des lits adossés aux murs, une armoire avec un peu de vaisselle, quelques objets divers et des statuettes de lares et de divinités, une table de marbre: témoignages profondément humains qui nous restituent le cadre et l'ambiance de la vie d'humbles gens. L'autre petit quartier (n. 13), desservi par un couloir central, a dû résoudre lui aussi par de pauvres expédients le problème de l'insuffisance d'espace et de lumière. La seule pièce bien éclairée et aérée était celle qui s'ouvrait sur la galerie. On y a trouvé un lit à trois places (triclinium), le petit fronton d'un sacellum et une tête, l'un et l'autre en bois grossièrement sculpté et faisant partie d'un laraire.
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(I) Maison à la Cloison de Bois (ínsula III, n. 11-12), dont la façade extérieure, conservée jusqu'à la hauteur du second étage, avec son portail, ses fenêtres étriquées et ses soupiraux pour la lumière s'ou vrant à des hauteurs diverses, constitue un des exemples les plus complets de façades architectoniques que l'on ait découvertes à Pompéi et à Herculanum. Au-dessus de la corniche à ovules, l'étage, avec le balcon reposant sur des poutres carbonisées, fait partie d'une surélévation datant des dernières années de la ville (Pl. XIII, fig. 23). Cette maison, de caractère purement patricien, s'étendait à l'origine sur toute la profondeur de l'insula. Plus tard, quelques pièces donnant sur le decumanus et sur le cardo III furent détachées et destinées à l'usage plus humble de boutiques et de logements d'artisans.
En outre, la surélévation d'un second étage au-dessus de l'atrium couvert, avec son entrée indépendante au n. 10, constitue un autre témoignage de la transformation graduelle, à Herculanum, de la domus patricienne pour une seule famille en maison d'habitation pour plusieurs familles avec des servitudes d'usage réciproques que le droit privé devait peu à peu réglementer.
Le vestibule d'entrée s'ouvre sur un des plus grandioses atriums que nous connaissions, même à Pompéi, avec son toit à compluvium de type tuscanicum (les gouttières en tête de chien sont en partie de l'époque).
Le bassin de l'impluvium, par son double fond en signinum et en marbre, témoigne de l'exécution de travaux de réfection à deux époques différentes, l'une appartenant à la période républicaine, l'autre se rattachant aux règnes de Claude ou de Néron. La décoration des murs est conservée jusqu'à la hauteur des murs du premier étage. A droite du vestibule d'entrée, s'ouvre un élégant cubiculum avec un pavement de fine mosaïque à dessins géométriques et une table de marbre " fleur de pêcher „ (provenant de l'étage supérieur), soutenue par un trapézophore représentant le dieu phrygien Atthis. A gauche de l'atrium, deux autres cubicula avec des lits à cadre de bois et une éxèdre (Pl. XV, fig. 25).
Mais l'élément le plus curieux et le plus extraordinaire, au point qu'il a donné son nom à la maison, est constitué par la cloison de bois à trois portes de deux battants chacune (il manque celle du milieu). Cette cloison, que l'on a pu reconstruire in situ, fermait la grandiose entrée du tablinum, qui se trouvait ainsi transformé de lieu de passage en une pièce bien aérée et abritée à la fois, se prêtant à la sieste et au délassement. Les battants de bois ont été extraits de la masse de boue et renforcés. Ils tournent encore sur leurs antiques gonds. Aux pieds-droits sont fixés les supports de bronze en forme de gaillards de navires et auxquels on accrochait les lampes pour la nuit (Pl. XIV, fig. 24; Pl. XVI, fig. 27).
Les vitrines placées dans l'atrium et dans le tablinum renferment les quelques objets trouvés dans la maison, notamment des restes de légumes secs, des fèves.
Derrière le tablinum, un gracieux jardinet est entouré d'un petit portique à piliers. On y voit les vestiges d'une petite galerie supérieure orientée au midi, ainsi que les cubicula encadrés par les chambres de repos et, du côté de l'Ouest, la pièce centrale, qui servait de triclinium. La décoration de ces pièces, découvertes lors des précédentes fouilles, sont en très mauvais état. Le mur clôturant au Sud le jardinet est recouvert d'une peinture qui prolonge la perspective, avec ses transennes à treillage de roseaux, ses buissons, son bassin de marbre et ses canards barbotants.
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(F) Maison du Squelette (Insula III, n. 3). - Elle doit son appellation à la découverte, en 1831, d'un squelette dans une pièce de l'étage supérieur. Partiellement mise à découvert au cours des fouilles de années 1830 et 1831, elle ne fut complètement désensevelie qu'en 1927-28. C'est une maison de proportions modestes mais qui comprend un grand nombre de pièces. Celles-ci, à l'exception de quelques-unes, sont plutôt petites. Toutefois, leur disposition et leur décoration dénotent de la distinction et de l'aisance. L'espace étant trop restreint pour permettre de doter la maison d'un portique et d'un jardin qui auraient éclairé davantage les pièces intérieures, l'architecte a dû recourir à l'expédient des petites cours et des puits de lumière.
L'une de ces cours, sur laquelle donnent les pièces les plus nobles du rez-de-chaussée, a le caractère et la décoration d'un saœllum et d'une nymphée. D'importants vestiges de l'étage supérieur furent mis à découvert lors des fouilles de 1830-31 mais, faute d'une protection appropriée, ils ont été presque entièrement détruits. Il est probable que toute l'aile méridionale, qui communiquait par un seul couloir avec l'atrium, ait été ajoutée au noyau primitif de l'habitation.
L’ atrium, sans bassin d'impluvium, est du type " testudina-tum, rare à Pompéi mais assez fréquent à Herculanum, entièrement couvert, les eaux de pluie se déversant vers l'extérieur.
Dans l'aile gauche, un vaste triclinium s'ouvre sur une gracieuse nymphée, formée de deux vasques rectangulaires égales, dont les rebords sont revêtus de marbre et qui se détachent sur un mur de fond, de caractère architectonique, à bossage feint en bas et à mosaïque en haut. Les panneaux, bordés de bandes faites en pâte vitreuse de couleur bleue et parsemées de coquillages, sont exécutés en bossage rustique, obtenu par des incrustations de calcaire, comme les bossages des nymphées des villas italiennes du " Cinquecento „. La frise, entièrement en pâte vitreuse à fond bleu, est divisée en panneaux vert-de-grisé et rouge vif. Elle est aussi bordée de coquillages. Il ne reste que trois des panneaux qui la décoraient et dont les sujets s'inspiraient des motifs de la peinture de paysage. Les autres panneaux ont été détruits par le déplorable percement des cuniculi.
Une autre pièce, empreinte également de distinction et d'élégance, s'ouvre en forme d'abside derrière le tablinum, au fond de l'atrium. Elle recevait l'air et la lumière d'une petite cour où s'épanouit la vasque d'une nymphée dont le principal ornement est constitué par un précieux sacellum dressé sur un haut podium entièrement revêtu de pâtes vitreuses à dessins géométriques et à motifs ornementaux. Au centre de la petite abside, on voit le visage d'une divinité féminine émerger d'une touffe de feuilles d'acanthe. Une peinture à perspective de jardin complète la décoration du mur. La cour était protégée, par une grille fixée au haut des murs, contre les incursions des voleurs, précaution nécessaire en raison de la facilité avec laquelle on pouvait y descendre des toits voisins (Pl. XVI, fig. 28).
Dans l'aile Sud de l'atrium, le groupe des pièces du fond devait certainement constituer un petit appartement réservé et séparé du reste de la maison. La dernière de ces pièces est un cubiculum tranquille et silencieux, avec le plafond à voûte, les murs à fond noir et le pavement en mosaïque blanche. Il recevait l'air d'une bouche étroite, aménagée dans un intervalle entre deux murs.