Ch. 12 - Les Principales Mesures Romaines
A. Mesures du temps
1. Le jour.
Entre le lever et le coucher du soleil, le jour était partagé en douze heures, de durée variable, d'après les saisons. Le seul point fixe était midi.
Dans la vie courante, on distinguait :
Mane : jusqu'à 8 heures, Hora prima : vers 6 heures,
Ad meridiem : jusqu'à midi, Hora tertia : vers 9 heures,
De meridie : jusqu'à 16 heures, Hora sexta : vers midi,
Suprema : jusqu'au coucher du soleil Hora nona : vers 15 heures
La nuit était partagée en veilles (vigiliae), dont le point fixe était minuit (3me veille).
Les jours se divisaient en jours fastes et néfastes, suivant qu'il était permis ou non de rendre la justice (fas = droit religieux).
Parmi les jours fastes, on distinguait les jours fériés (festi) et les jours ouvrables (profestï).
Enfin, certains jours néfastes étaient funestes (religiosi, atri, vitiosi). C'était le cas pour les fêtes consacrées au culte des morts et pour l'anniversaire de désastres marquants. Dans la langue française, les deux mots, néfaste et funeste, sont devenus synonymes.
2. Le mois.
Les Romains ne connaissaient pas notre division en semaines. Le mois était partagé en 3 parties inégales par les Calendes (Kalendae) ou 1er du mois, les Nones (Nonae), qui tombaient 9 jours avant les Ides (8 jours pour nous), les Ides (Idus), qui étaient censées tomber avec la pleine lune, le 15, en mars, mai, juillet et octobre, le 13, pour les autres mois. Les nones se trouvaient ainsi reportées tantôt au 7, tantôt au 5 du mois.
On comptait les jours en partant des calendes, des nones et des ides à venir, ce jour entrant lui-même dans le compte.
Ainsi, le 3me jour des calendes de janvier signifie le 3'"8 jour avant les calendes de janvier, c'est-à-dire le 30 décembre. Le latin l'énonçait comme suit : a.d. III Kal. Ian. = ante diem tertium Kalendas Ianuarias.
A l'origine les latins disaient : die tertio ante Kalendas ; la préposition ante s'étant placée en tête de l'expression a entraîné la suppression de l'ablatif d'époque (normal) pour le remplacer par l'accusatif (anormal). Quant au mot Kalendas, il a gardé son cas originel.
La veille des calendes s'appelait : Pridie Kal. = Pridie (ante) Kalendas.
Dès qu'on était arrivé aux calendes, on reprenait la même façon de procéder par rapport aux nones, puis par rapport aux ides.
Les mois s'appelaient : Ianuarius, mois de Janus, Februarius, mois des purifications, Mars, mois du dieu du même nom, Aprilis, Maius, mois de Maius et Maia, dieux de la croissance, Iunius, mois de Junon, Quintilis ou Iulius, mois de J. César (depuis 44 av. J.-C), Sextilis ou Augustus, mois d'Auguste (depuis 8 av. J.-C), September (7° mois), October (8° mois), November (9° mois), December (10° mois).
Avant le roi Numa Pompilius, l'année commençait en mars et ne comptait donc que dix mois : d'où les noms de quintilis (juillet), sextilis (août), september, etc.
3. L'Année.
C'est du calendrier romain, réformé par Numa Pompi-lius, puis par Jules César, et enfin par le pape Grégoire XIII, que nous nous servons encore de nos jours.
Avant César, l'année romaine était lunaire et ne comptait que 355 jours, ce qui, malgré l'adjonction de certains mois intercalaires, avait fini par amener de telles perturbations, que parfois les grands froids se présentaient pendant les mois d'été et inversement.
Jules César porta l'année à 365 jours, avec, tous les 4 ans, une année de 366 jours, dite bissextile, parce que le 24 février (a.d. VI Kal. Mart.) y était répété (bis sextus). C'est d'après ce calendrier Julien que se sont réglés les Russes jusqu'en 1917, alors que lespeuples occidentaux, qui l'avaient adopté eux aussi, se soumirent aux réformes de 1582 (calendrier grégorien).
L'ère des Romains avait comme point de départ l'an 753 av. J.-C. On faisait alors le décompte comme suit : l'an 50 av. J.-C. s'appelait l'an 703 de la fondation de la Ville. Il était loisible de l'exprimer de plusieurs façons : ... anno U. C. (Urbis Conditae), ou a. U. C. (ab Urbe Condita) ou enfin p. U. C. (post Urbem Conditam).
L'année se désignait parfois par le nom des consuls en charge : M. Messala M. Pisone coss. (consulibus).
[1]Février était identique à janvier jusqu'au 13, puis on comptait comme suit : a.d. XVI Kal., etc., jusqu'au 28, qui s'appelait Pridie Kal.
B. Mesures de l'espace
1. La Superficie: Arpent (Iugerum) environ 2500 m²
2. La Longueur : Pied (pes) environ 30 cm²
Pas (passus) environ 1m50
Mille (mille passus) environ 1500m
Coudée (cubitus) 0,44m
Palme (palmus) 0,07m
Doigt (digitus) 0,018m
3. La capacité. Pour les Solides : Boisseau environ 8L
Pour les Liquides: Setier (sextarius) 50 cl
Conge (congius) 3L
Urne (urna) 13L
Amphore (amphora) 25L
C. Poids et monnaies
Le Poids. L'unité de mesure est l'as ou livre (libra) : 327 gr.
L'as se subdivise en 1/2 as : semis ; 1/3 as : triens ; 1/12 as : uncia (27 gr. 3). L'once elle-même est divisée en 24 scrupules (scrupu-lum : 1 gr. 14).
Monnaies. Pendant longtemps, les Romains pratiquèrent, dans les échanges commerciaux, le troc du bétail. Puis, quand le commerce se développa, apparurent les lingots d'airain (aes) et d'argent. L'or n'entra dans la circulation qu'à partir de Jules César.
Ces lingots portent différentes figures, représentant l'animal qu'ils symbolisent (mouton, bœufs, etc.). D'où le nom de pecunia (pecus).
Les premières pièces rondes apparaissent vers le 4me siècle av. J.-C. Elles portent à l'avers une tête de Janus, au revers, une proue de navire.
Depuis la fin du 3me siècle avant J.-C, on peut (sauf variation des cours) fixer comme suit la valeur des principales pièces :
As (as) monnaie de bronze 0,06 franc-or
Sesterce (sestertius) bronze ou argent 0,25 franc-or
Denier (denarius) monnaie d'argent 1,05 franc-or
Piece Or (aureus) monnaie en or 25 francs-or
Gros Sesterce 1000 sesterces 250 francs-or
Le franc-or, represent aujourdui, plus de 100 fois le franc papier. Donc le Grand-Sesterce represente actuellement une enorme valeur.
Le mot Nummus, ( piece de monnaie) designe en general le Sesterce. En abrégé, le sesterce etait representé par le symbole HS, c'est-à-dire : 1+1=S (unus piu unis uguali Semis, parce que à l'origine le stesterce valait 2 as et demi.
L'heure exacte.
A la fin du IVme siècle av. J.-C, les Romains se bornaient encore à diviser le jour en deux parties : ante merìdìem et de meridie. Ce n'est qu'au début de la première guerre punique, en 263, qu l'horloge des Grecs fit son apparition à Rome.
Ce cadran solaire consistait en une surface plane (irôXoç) : le soleil marquait, sur des lignes, l'ombre d'un style (yvcbuov) ; le cadran enregistrait ainsi la succession des heures (ûpcu, home), d'où son nom de compte-heures (<£>po\6yiov, horologium).
En 164 av. J.-C. apparaît le premier cadran solaire adapté à la latitude de Rome. Quelques années plus tard, ce cadran fut flanqué de l'horloge à eau (horologium ex aqua) dont l'emploi se généralisa très vite. Cette horloge n'était en fait que la clepsydre, vase transparent où l'eau arrivait avec un débit toujours identique. On se contenta d'indiquer sur la partie extérieure de ce récipient le niveau de l'eau atteint à chacune des heures marquées par le cadran solaire. D'autres signes ajoutés à ceux-ci, et concernant les mois, permirent de fixer approximativement l'heure dont la durée variait selon les saisons. Les Romains, en effet, n'utilisaient pas l'heure équinoxiale, mais le jour réel, c'est-à-dire le temps pendant lequel le soleil reste au-dessus de l'horizon, temps qu'ils divisaient en 12 heures. Du reste, les Romains n'étaient point, comme nous, esclaves de l'heure exacte : le rythme de leur vie fut toujours marqué d'une grande souplesse.
Les horloges à eau se perfectionnèrent au point que certaines d'entre elles furent munies de flotteurs automatiques qui, à chaque changement d'heure, lançaient en l'air des cailloux ou des œufs, ou bien émettaient des sifflements avertisseurs.
Enfin, les Romains eurent aussi leurs montres personnelles (solaria), minuscules cadrans de poche de 3 à 5 cm. de diamètre.
Mais, comme le constate Sénèque, non sans ironie, il était plus facile de concilier entre eux les philosophes que d'accorder les horloges : horam non possum certam tibi dicere ; facilius inter philosophos quam inter horologia convenu.