Fresque Tableau 7

     2_19_7  Fresque Tableau 7     

Le Couple Divinisé

 

sdfsdfsdgfsdg  Pour de nombreux auteurs, cette scène représente le mariage de Dionysos et d’Ariane : le jeune dieu s’abandonnerait aux bras de son épouse après le bonheur de sa nuit de noces. A travers cette image, affirme Paul Veyne, l’époux, absent de la fresque mais identifié à Dionysos, déclarerait un amour éternel à sa jeune épousée. L’attitude de la jeune femme, qui tient selon lui un pan du manteau de Dionysos dans sa main gauche, serait un signe de tendresse. En pénétrant dans la chambre nuptiale, celle-ci entrerait « dans un monde à souhait » qui lui promettrait bonheur et prospérité, un mari à sa dévotion et des plaisirs divins… La couronne de lierre, le thyrse permettent effectivement d’identifier Dionysos. Vêtu d’un manteau blanc et chaussé de sandales, le dieu apparaît ici comme dans l’imagerie athénienne de l’époque classique. L’attitude efféminée que lui a donnée le peintre rappelle que Dionysos, déguisé en fille par Ino, fut éduqué dans le quartier des femmes pour échapper à la jalousie d’Héra et qu’il en fut marqué à jamais.

image 4ttj  Mais il n’en va pas de même pour la figure féminine dont la plus grande partie est effacée et qu’il est par conséquent difficile d’identifier. Seuls restent visibles son lourd vêtement et ses deux mains. Or, pour Gilles Sauron, son geste n’a aucune connotation érotique : une main simplement posée sur l’épaule de Dionysos, elle serre son voile de l’autre avec le geste pudique de la matrone qui dissimule son corps, sa chevelure et même une partie de son visage.

Il ne s’agirait donc pas d’Ariane au matin de ses noces mais bien de Sémélé, la mère du dieu. Le trône sur lequel elle est assise situe selon lui la scène sur l’Olympe où se tenait le conseil des dieux réunis autour de Zeus. L’attitude de Dionysos, installé plus bas que sa mère, laisse à penser qu’il est de retour sur l’Olympe après une nuit passée à courir à travers les montagnes avec ses compagnons habituels, satyres, silènes et ménades. Et s’il cuve son ivresse, celle-ci est liée au vin plutôt qu’à l’amour. Son pied nu en témoigne, il vient en tous cas de franchir les niveaux cosmiques.

image 4t  Si la figure de Sémélé, aujourd’hui pratiquement effacée, occupait le centre de l’ensemble pictural, c’est certainement parce que la domina, qui a commandé la scène, s’identifiait avec elle. Selon la légende, Sémélé est une héroïne thébaine. Après avoir conçu Dionysos avec Zeus, elle avait été foudroyée pour avoir voulu contempler le dieu en majesté mais elle avait été arrachée aux Enfers par son fils Dionysos pour venir trôner sur l’Olympe sous le nom de « Thyoné ». L’image centrale exalterait donc le bonheur éternel des deux héros devenus dieux après une mort dramatique (le foudroiement pour Sémélé, le démembrement pour Dionysos) et devait répondre aux interrogations des initiés sur les mystères de l’au-delà.

image 4tyukl  Ici le dieu, habillé à la grecque, avec son manteau blanc (himation) et ses sandales (crépides), et qui s’abandonne contre sa mère Sémélé-Thyoné, n’est plus le représentant d’une religion primitive mais la figure du bonheur promis aux initiés de Dionysos dans l’au-delà, cette « ivresse éternelle » accordée « aux justes » qui participeront au « banquet des saints ». C’est enfin le dieu de l’éternelle jeunesse, « l’enfant éternel » (« puer aeternus ») célébré par Ovide dans les Métamorphoses (IV, 18) qui, jusque sur l’Olympe, vient trouver refuge dans le giron de sa mère.Comment trancher entre les deux interprétations ? Qui d’Ariane ou de Sémélé enlace ce Dionysos pâmé d’amour ou ivre de vin ? Paul Veyne rappelle que certains ateliers de sculpteurs taillaient des représentations du couple de Dionysos et d’Ariane dont ils ébauchaient à peine les visages pour leur donner ensuite les traits des nouveaux mariés. Il ne fait donc pas de doute pour lui que la fresque s’inscrive dans cette tradition. Mais Gilles Sauron remarque que ce n’est pas Dionysos mais sa parèdre qui occupe le centre exact de la fresque. Or, affirme-t-il après Boyancé, les sources textuelles sont cohérentes avec l’identification à Sémélé : alors qu’on n’a trouvé aucune mention d’une quelconque hiérogamie dans les rites dionysiaques, on sait par les Hymnes Orphiques que le « réveil » de Dionysos et l’apothéose de Sémélé étaient conjointement célébrés à Delphes, tous les trois ans, et de nombreux témoignages montrent que les associations de dévôts de Dionysos étaient dirigées par une « mère » jouant sans doute, comme la domina dans cette fresque, le rôle de Sémélé.

 

 

 

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *